Bon d’accord, à la naissance j’étais un bébé dans la norme.
Mais j’ai été rattrapée par la grosseur très vite. Mon frère a cinq ans de plus que moi. C’était un bébé qui ne mangeait pas. Ca ne l’intéressait pas apparemment (?!?!).
Petit garçon, avant ma naissance, il ne mangeait que très peu, c’était toujours une lutte pour chaque repas m’a raconté ma mère. Quand je suis née, jolie petite poupée joufflue, je me suis laissée nourrir bien volontiers. Ce fut un ravissement pour ma mère, qui m’a nourrie plus que besoin. Je suis vite devenue très potelée, pour le grand bonheur de tous, c’est tellement mignon un bébé potelé, on aime tous les plis et replis. C’est plus tard qu’on me les a reprochés, les plis et replis…
Nous étions à la fin des années 1960, une époque où l’on ne tenait pas compte des sensations des enfants, encore moins de celles, éventuelles, des bébés. Pourquoi mon frère ne mangeait pas ? Pourquoi j’acceptais d’être sur-nourrie ? On ne le saura donc jamais.
Quand j’ai commencé à marcher, je me suis affinée, mais suis restée potelée. Et ma mère a continué à me nourrir de tout ce que mon frère ne mangeait pas. C’est une image bien sûr, mais vous comprenez l’idée. Après la lutte usante pour faire manger deux-trois bouchées à mon frère, quel bonheur de me voir manger sans rechigner. Mon frère bougeait beaucoup, courait plus qu’il ne marchait, moi j’étais le calme incarné. Ma mère m’a dit qu’on me posait sur une couverture avec une poupée, trois heures après j’étais toujours là, calme, souriante… Je réclamais qu’on me lise des histoires, pendant que mon frère courait partout:-))))
J’ai appris à lire seule avant quatre ans, car je trouvais qu’on ne me lisait pas assez d’histoires. Ca amusait tout le monde, petite fille de trois ans qui leur lisait des petits livres. Je passais tout mon temps à lire, tranquille dans mon coin, et à manger tout ce que tout le monde me donnait. Quand je suis entrée à l’école maternelle, j’étais dodue. Mignonne, petite fille blonde toute bouclée, mais bien dodue.
Je passe l’épisode où je me suis sentie abandonnée, quand mes parents sont partis avec mon frère qui avait huit ans, j’en avais trois, me laissant deux mois chez mes grands-parents. Je l’ai déjà raconté. Ce sentiment d’abandon et d’insécurité, aujourd’hui, plus de 50 ans après, ne m’a pas quittée un instant. Quand mes parents sont rentrés, je n’étais plus la même petite fille. Je suis devenue solitaire, indépendante, très autonome.
A l’école maternelle, mes premiers souvenirs sont que je reste à part, je m’ennuie, je lis… A l’école primaire, en cours préparatoire, je sais déjà lire alors pendant les cours, je rêve, j’imagine des histoires… Je ne reste plus à part, je deviens plutôt chef de bande, j’ai toujours aimé être déléguée de classe, me confronter aux adultes pour défendre mes copains de classe. Je me souviens que c’est vers huit ans, quand j’étais au CE2 que j’ai commencé à rêver d’habiter à Paris.
Je passais la plupart des vacances scolaires à Paris, chez ma grand-mère paternelle, sans aucun doute la personne qui a le plus compté pour moi, dont j’ai été la plus proche, et qui m’a le mieux comprise, qui m’a transmis son esprit libre et excentrique. Je l’admirais tant, sa vie a été totalement hors du commun. Mais… ma grand-mère était obèse, sévèrement, morbidement obèse. Elle a pesé jusque 130 kilos pour 1m55. Elle s’est battue toute sa vie contre ça, avec des méthodes pas très recommandables. Mon père lui aussi a lutté toute sa vie contre sa nature le portant à être gros.
Ma mère elle, a connu une période d’anorexie dans sa jeunesse, et toute sa vie s’est privée de certains aliments qu’elle a diabolisés. Diabolisés pour elle… et pour moi. De manière inconsciente. De plus, mon père, de père italien, macho, clamait haut et fort qu’il n’aimait que les femmes minces, celles qui étaient le contraire de sa propre mère. Ma mère a donc toujours fait en sorte d’être mince, très mince. Et se disait que sa fille devait aussi être mince. Je me souviens des goûters. Mon frère, tout fin, avait un quart de baguette avec une demi plaque de chocolat. Moi j’avais une rondelle de baguette avec un carré de chocolat. Et à l’époque, nous étions maintenant dans les années 1970, on ne prenait pas la peine d’expliquer le « pourquoi ». Alors bien sûr que je l’ai vécu comme une injustice, puisqu’on ne m’a rien expliqué.
Alors bien sûr que j’ai essayé de manger en cachette les quantités qui me semblaient me revenir. Je n’oublierai jamais une conversation entendue entre ma mère et ma grand-mère maternelle quand j’avais sept ans, disant que j’avais un petit double menton, qu’il fallait absolument y remédier. Oui, cette phrase est restée gravée au fer chaud en moi. Fini le temps où l’on trouvait mes plis et replis si charmants.
J’ai grandi très vite. A moins de dix ans, en CM2, j’ai eu mes règles, je mesurais ma taille actuelle, 1m70, j’avais plus de poitrine qu’aujourd’hui puisque j’en ai beaucoup perdu ces derniers mois. Vous imaginez le décalage. Ma tête de petite fille sur ce corps de femme. Mon cerveau entre les deux. Je n’avais pas le cerveau d’une femme, mais pas non plus celui d’une enfant. Je lisais beaucoup, des livres pour bien plus âgés que moi, j’écrivais déjà… et je bouffais… tout ce qui me tombait sous la dent.
Jusqu’à 18 ans, j’étais en très léger surpoids, et encore, peut-on appeler 63 kilos pour 1m70 du surpoids ? Pas sûre… Je me maintenais à ce poids car ça s’équilibrait entre le peu que je mangeais aux repas pour ne pas m’attirer les foudres de mes parents et ce que je mangeais en cachette. Mais je mangeais entre les repas, le max que je pouvais. Alors je n’étais pas vraiment grosse, mais je n’avais aucune idée d’un quelconque équilibre alimentaire, et beaucoup de mes pensées tournaient en boucle autour de la nourriture. Ce que j’allais pouvoir manger, et quand, et comment j’allais me comporter au cours des repas, bonne petite fille bien sage, conforme à ce qu’on attendait d’elle, souriante, sans faire de vague, j’avais déjà ce masque impassible qui ne me quittera plus jusqu’au burn-out de 2018.
En revanche, je m’attirais les foudres de mon père en ne faisant pas de sport. Mon frère en faisait des heures et des heures par semaine, champion des Ardennes de ci, de ça, faisant la fierté de mon père, lui, champion de judo dans sa jeunesse. Moi, j’étais toujours en train de lire dans ma chambre, eux étaient toujours à s’agiter dehors. Je me faisais engueuler… alors je me faisais encore plus invisible derrière mon livre, et je m’évadais dans les histoires que j’écrivais. Et je me jurais de ne jamais faire de sport, ma façon à moi de me rebeller.
J’ai passé mon bac, et, étant originaire d’une petite ville sans facultés ni établissements d’études supérieures, je suis partie, comme tous les jeunes de ma région, faire mes études dans un autre département. Aïe aïe aïe. Le semblant d’équilibre alimentaire maintenu grâce à la vigilance de ma mère a volé en éclat. Ivre de la liberté de manger n’importe quoi n’importe quand, je ne me suis nourrie que de pâtes (mon aliment préféré au monde), et de chocolats pendant plus de six mois.
Mois pendant lesquels je ne suis pas retournée un seul week-end chez mes parents. Mois pendant lesquels une colère immense m’a envahie, colère contre moi, contre mes parents, contre ceux qui m’ont agressée sexuellement quand j’étais encore si petite, contre le monde entier. J’ai eu une période de quelques semaines de cleptomanie. Je ne l’ai jamais dit, je le dis ici, j’ai décidé de m’alléger de tout… Ma cible était une magnifique librairie. Grâce à eux, je me suis fait une splendide collection de bandes dessinées. J’étais plutôt douée, je ne me suis jamais fait prendre, j’ai éprouvé des sensations tellement excitantes sur le coup, mais aussi tellement de chagrin après.
J’aurais tellement voulu me faire prendre, attirer l’attention de mes parents, les appeler au secours, mais mon côté perfectionniste si présent a fait qu’en même temps je mettais un point d’honneur à réussir. Au bout de quelques semaines, voyant que cela ne m’apaisait pas, et ce n’était même plus excitant, j’ai arrêté. Et décidé d’aller passer un week-end chez mes parents, qui ne m’avaient pas vue depuis plusieurs mois. On se téléphonait chaque semaine, mais à l’époque pas de téléphone portable, pas de visios, alors ils n’avaient aucune idée de ce à quoi je ressemblais à présent.
Je me souviens de mon anxiété dans le train, de mes regrets de ces mois à manger démesurément jusqu’à en être écoeurée, me remplissant pour ne plus ressentir le vide en moi. Curieusement je ne me suis jamais fait vomir, j’ai outre-mangé, mais sans jamais aller plus loin. Quand je suis descendue du train, j’ai vu mes parents qui m’attendaient sur le quai. Je suis arrivée près d’eux en souriant, et… ils ne m’ont pas reconnue. J’avais pris 30 kilos, et mes parents ne m’ont pas reconnue. Je n’oublierai jamais cette sensation de recevoir un coup violent au plexus, me coupant la respiration. La honte, la tristesse de leur infliger ça…
Je vais arrêter là pour aujourd’hui, me remémorer tout cela, surtout la cleptomanie, que j’avais occultée je crois, me remue. Je reviens demain pour la suite. Passez un bon dimanche. N’oubliez pas de prendre soin de vous.
Bon bon bon… J’y croyais dur comme fer ! Reprendre le travail dès lundi premier août, un mois après l’opération. Mais ma généraliste avait dit qu’elle voulait me revoir avant, pour vérifier mon état général, voir si la tension (à 10-5 il y a deux semaines) a remonté notamment. Alors oui elle a remonté (11-5), mais pas assez pour qu’elle m’autorise à retravailler tout de suite.
Et oui, j’admets, je suis encore fatiguée… très fatiguée. Ce matin j’avais rendez-vous chez la coiffeuse, je me disais que ce serait un bon test justement. 40 minutes de métro avec un changement, deux heures chez la coiffeuse, assise sans pouvoir m’allonger, à parler, 40 minutes retour. Puis enchaîner avec le rendez-vous médecin… Et bien le test n’a guère été concluant… Trop faible, p…je suis encore trop faible pour quoi que ce soit.
Mon cardio au repos est à 45, c’est quand même un peu trop bas, ma température est basse aussi, je suis très pâle, j’ai froid… Et j’ai encore eu des spasmes au ventre aujourd’hui, trop trop trop difficile pour moi de m’alimenter…
Alors la généraliste m’a prolongée jusqu’au vendredi 12 août. Bon, je vais donc continuer à me reposer que voulez-vous… Je dois bien me rendre à l’évidence quand je me regarde. J’ai une petite tête fatiguée:-))))))) Ca n’a pas que de mauvais côtés de devoir se reposer tranquille à la maison, je ne vais pas me plaindre.
Il y a beaucoup de nouveaux ici. Bienvenue à vous. Comme vous venez d’arriver, je me dis que c’est l’occasion de vous raconter mon parcours. Car au départ, quand j’ai ouvert mon premier blog (Imaginer la légèreté), c’était pour montrer au quotidien les bentos que j’apportais au travail chaque midi, et partager ma perte de poids. Aujourd’hui je suis presqu’au bout de la perte de poids, cependant ça devra rester une vigilance de tous les instants. Même mince, même musclée, je ne serai jamais qu’une obèse en sursis. Jamais à l’abri de (re)grossir, ça m’est déjà arrivé à plusieurs reprises je sais de quoi je parle. Vous raconter aussi comment je suis tombée en passion de l’activité physique, de l’effort alors que je l’avais toujours rejeté violemment.
Et ça me fera du bien à moi aussi de me remémorer cela, ça m’aidera peut-être à enfin me dire que j’ai le droit d’être un tout petit peu fière de moi. On fait ça ? Je commence dès demain, aujourd’hui je suis réellement trop fatiguée.
Me revoici. Ca va beaucoup mieux. Plus de spasmes. C’était bizarre ces spasmes qui m’ont tordu le ventre hier juste après mon déjeuner, et jusqu’à ce que je me couche à 23 heures. J’ai peu dormi, cinq heures. On dirait que je reprends mon rythme naturel de sommeil.
Signe que je suis prête, suffisamment reposée pour reprendre le travail ? Je revois ma généraliste demain, elle estimera si je peux travailler dès lundi ou si elle veut me prolonger. Ca dépendra aussi de ma tension… Je sais que je ne suis pas encore totalement au max de ma forme. Paul me demande régulièrement à quel pourcentage de forme je m’estime. Aujourd’hui, je dirais 80%, peut-être 75.
Hier matin je suis allée marcher. Ma marche devient de plus en plus rapide, 6,8km/h hier. Mais en rentrant, j’étais rouge et transpirante, autant qu’après une grosse séance de sport, je me suis allongée une heure avant d’aller prendre ma douche. Ca varie tellement au cours d’une même journée. Tantôt j’ai l’impression d’être au mieux, et une heure après j’ai un vertige. Sans doute normal… En tout cas, hier soir le coach m’a dit qu’aujourd’hui je peux passer de 5000 à 6000 pas, chouette !!!!!! Et samedi après notre bilan approfondi, j’espère être en mesure de trottiner… Bref, à suivre…
Alors, ce dont je voulais parler, ce sont les soins du corps. L’intérieur a été soigné, grâce à l’opération, et avec mon alimentation actuelle, je renforce la guérison. Et ces semaines sans travailler, c’est aussi l’occasion de prendre soin de lui plus que jamais. En temps ordinaire, je mets du lait corporel chaque matin après la douche, et je fais de temps en temps un gommage.
Six des huit straps couvrant les fils des cicatrices sont tombés, tout comme les fils. Il reste deux récalcitrants, je n’ose pas y toucher. Sur les six cicatrices dont les fils sont tombés, j’applique plusieurs fois par jour de la Cicalfate, et je masse. Les cicatrices sont déjà passées de violettes à rose pâle. Elles seront blanches d’ici peu je suppose. Elles sont très très très fines, les tentacules du bras dirigé par le chirurgien sont ultra efficaces on dirait:-) Pour le corps, en général je prends du lait l’Occitane, ou Le Petit Marseillais, ou Mixa, pour peaux sèches, et ça suffit, ma peau est vraiment douce. Mais ces dernières semaines, je l’ai trouvée beaucoup trop sèche, à croire que le mal intérieur se reflétait à l’extérieur. Alors j’ai acheté un lait La Roche Posay, relipidant. Et depuis dix jours je me masse tous les matins avec. Pur bonheur. Ma peau est redevenue beaucoup moins sèche.
Quand je suis allée à l’Usine le 15 juillet, je suis passée à la boutique Rituals qui est à côté, et ai fait le plein. Gommage corps et gommage mains, baume corporel, huile de douche, mousse de douche, shampoing… j’ai besoin de faire ces soins, de me sentir fraîche, plus encore que d’habitude. Besoin de toucher mon corps, me reconnecter à lui. Et comme j’ai du temps en ce moment, j’en profite aussi pour renforcer ma routine du visage/cou, celle du matin comme celle du soir.
Car j’ai pris un coup de vieux, je le vois… Les mois de douleurs, de non-sommeil m’ont creusée, marquée… Le sommeil et l’hydratation sont les meilleurs remèdes et avoir tant dormi ces derniers temps a un peu atténué mes cernes, mais j’ai toujours les traits tirés… De toute façon, ça fera l’effet que ça fera, ça ne peut être que pire que ces derniers mois:-))))))))) Pour le visage et le cou, j’ai trouvé les produits qu’il me faut depuis plusieurs mois. Des marques dermato de niche, et ma peau s’en porte très bien.
Enfin voilà, ce mois de juillet a été consacré uniquement à ma convalescence et mon bien-être, je crois que j’en avais grand besoin. J’ai maintenant terriblement hâte de reprendre mes allers-retours à Reims, le travail, le sport, les sorties… Et je commence à me dire que ce serait agréable de manger à nouveau solide. Vous savez ce qui me manque tout particulièrement ?
La salade, les crudités. Habituellement, j’en mange pratiquement tous les soirs des salades vertes avec tomates et concombre, et là, bien évidemment, impossible, ça ne se mixe pas. Et la deuxième chose qui commence à me manquer, c’est le pain. Du pain croustillant… Sinon, avec les moulinés, j’ai à peu près tous les aliments. Sauf les pâtes et le riz, qui ne se moulinent pas non plus. Enfin, quatre semaines sont déjà passées, plus que deux à patienter, et je pourrai faire des petits repas solides.
Pour le moment le manque n’est pas bien grand puisque je n’éprouve toujours pas la faim. Plus de quatre semaines sans un instant avoir faim ou envie de manger, c’est très bizarre comme sensation. Le midi par exemple, comme Chéri n’est pas là, il travaille, bien souvent je ne mange pas avant 14 ou 15 heures, je fais autre chose et n’y pense pas puisque je n’ai ni faim ni envie. Mais peu importe, je me force à faire quatre ou cinq petits repas quotidiens, je veux absolument récupérer toutes mes forces pour reprendre la vie, tout simplement.
Voilà, on a fait le tour, mon opération, la convalescence, ce que je mange, comment je m’occupe pendant ces jours où je ne travaille pas. Ce matin, j’ai préparé un mouliné pomme de terre-courgette, que je mangerai ce soir avec une escalope de poulet moulinée. J’ai mis une courgette assez grosse (200 grammes), deux pommes de terre (180 grammes), une noisette de beurre, quelques centilitres de lait, et ça m’a donné un grand bol, minimum pour quatre repas.
Demain je vais chez le coiffeur, et chez ma généraliste… Oh là là j’ai l’impression d’avoir 80 ans, avec un tout petit objectif chaque jour. Vraiment hâte maintenant de retrouver une vie active ! Ce soir Lou va passer:-) Je vous souhaite une bonne fin de journée, n’oubliez pas de prendre soin de vous.
Quatre semaines déjà que je suis opérée, je ne les ai pas vu(es) passer. (Dans ce cas de figure on écrit VU ou VUES, étant donné qu’il y a un infinitif derrière ???????). Bref, ces quatre semaines sont passées à la vitesse de l’éclair. Je vais mieux, tellement mieux, c’est un bonheur.
En revanche, je vous prie de m’excuser, je vais faire très court, je ne tiens plus debout aujourd’hui. Gros problèmes de digestion, mal au ventre comme si j’avais une gastro, je comprends maintenant pourquoi le chirurgien m’avait parlé de spasmes, mais je n’en avais jamais eu jusqu’à maintenant.
Je vous souhaite une bonne soirée et vous dis à demain. Prenez soin de vous.
Et oui, qu’est-ce donc que je fais de mes journées ? Pas grand chose pour ne pas dire rien en fait. Demain, ça fera déjà quatre semaines que j’ai été opérée.
Et au-delà de la récupération du bouleversement dans mon corps de cette opération, je crois que je suis aussi en train de récupérer de la fatigue accumulée ces derniers mois. Epuisement est peut-être plus juste comme mot. Fatigue du corps, littéralement à bout d’épuisement avec les douleurs de plus en plus intenses et présentes ces dix derniers mois, et fatigue psychique, là aussi l’épuisement de lutter pour ne rien laisser paraître, sourire quoiqu’il se passe en moi, pour ne pas laisser la douleur prendre le dessus au risque de me faire faire des erreurs dans mon travail, pour ne pas laisser la douleur me submerger avant les séances de sport pour n’en annuler aucune, pour ne pas laisser la douleur s’infiltrer dans mon esprit et me convaincre de me reposer le week-end plutôt que d’aller à Reims…
Bref, un épuisement psychique à toujours négocier avec la douleur pour pouvoir rester debout. Alors depuis quatre semaines, mon cerveau a autorisé mon corps à lâcher prise, ou l’inverse, je ne sais pas, mais toujours est-il que j’ai l’impression que comme mon estomac reconstruit qui repart de zéro, mon corps également fait une remise à niveau absolue.
Les dix premiers jours suivants l’opération, j’ai fait des nuits de neuf à dix heures, invraisemblable pour moi ordinairement. Et en plus de ces longues nuits, j’ai dormi chaque après-midi deux à trois heures. Chaque geste du quotidien me fatiguait et je devais m’allonger après la douche, après avoir lavé la tasse du petit déjeuner, après m’être habillée, et surtout après le processus de digestion de chaque mini-repas.
Je suis rentrée à la maison le jeudi, le vendredi, je suis sortie dix minutes, pour prendre l’air, avec Chéri. Ces quelques minutes de marche ultra-lente m’ont mise KO et ont nécessité trois heures de sommeil… Mais le chirurgien m’avait bien recommandé de marcher chaque jour pour remettre le corps, et tout particulièrement l’appareil digestif, en route.
Le samedi, nous sommes sortis un quart d’heure, et avons fait quelques courses dans le petit supermarché à quelques mètres de chez nous. La lumière dans le magasin, le bruit, le monde, ça m’a encore plus fatiguée que la marche elle-même et en rentrant, je me suis allongée au calme dans notre chambre et ai dormi profondément tout l’après-midi. Le dimanche matin, je me suis aventurée à sortir pour marcher seule, sans que Chéri ne me soutienne, et j’ai réussi à marcher un quart d’heure. En rentrant, j’avais les jambes qui tremblaient, la tête qui tournait, là aussi j’ai dû m’allonger et dormir plusieurs heures.
Le lundi, Chéri a repris la travail, il avait posé la semaine de l’opération pour rester avec moi. Cette semaine-là, j’ai encore beaucoup dormi, et ai passé beaucoup de temps allongé, sans dormir, mais allongée. Je n’ai pas lu, pas écrit, la fatigue encore trop envahissante pour me permettre le moindre effort intellectuel. Ma nièce, en stage à Paris pour l’été avant de retourner à Lyon à la rentrée, est passée me voir deux fois. Mon frère me téléphone chaque jour, j’appelle ma mère, ils ont tous été tellement attentionnés.
J’ai marché un peu plus chaque jour, jusqu’à parvenir à une demi-heure continue. J’ai voulu enchaîner et augmenter de quelques minutes chaque jour, mais Paul a mis le holà immédiatement, interdiction absolue de marcher plus de 5000 pas par jour (en temps normal j’en fais entre 15 et 20 000 par jour). Il m’a dit que si je marchais plus, en mangeant si peu, je n’allais pas pouvoir récupérer, que le sommeil et l’alimentation sont primordiaux, avant l’activité physique, en période post-opératoire. Il sait que j’appréhende de perdre trop de masse musculaire, il m’a dit que oui je vais en perdre un peu, mais ce n’est pas en sept semaines sans musculation ni activité physique soutenue que je perdrai beaucoup.
D’autant que ma masse musculaire, on l’a énormément travaillée avant l’opération, et en ce moment, les protéines sont bien présentes dans mon alimentation. Nous en aurons le coeur net samedi qui vient, puisque je vais le rejoindre à la salle de sport pour la pesée et analyse des masses. Bref, je suis donc à 5000 pas par jour, jusqu’à la fin de cette semaine. Paul m’a tout à l’heure laissé un message vocal, cela changera sans doute la semaine prochaine, je vous expliquerai cela samedi.
Vendredi 8 juillet, dix jours après l’opération, une collègue m’a proposé de boire un verre. Vous le savez, mon travail est à deux pas de chez moi (enfin, 12 minutes à pieds), et le vendredi après-midi nous ne travaillons pas. J’ai développé une réelle amitié avec cette collègue, beaucoup plus jeune que moi (33 ans contre bientôt 55 pour moi). Notre parcours est différent, mais nous avons des traumatismes similaires, une hypersensibilité semblable. Au début, elle m’a proposé de venir me voir à la maison pour ne pas me fatiguer, mais je lui ai dit que ça me ferait très plaisir que nous buvions un verre, retrouver la vraie vie, voir du monde, j’en avais envie après ces dix jours ultra tranquilles à dormir et sortir juste pour marcher une demi-heure.
Je lui ai donné rendez-vous dans un café qui est à quelques minutes à pieds, tant pour moi, que pour elle du travail. J’ai passé une heure avec elle. J’ai commandé une orange pressée, j’ai mis l’heure que nous avons passée ensemble à la boire, avec moults renvois douloureux. Ca m’a fait très plaisir d’être là, dans un lieu public, de voir des gens discuter en riant, et de parler avec ma collègue comme si de rien n’était. En revanche, passer ainsi une heure assise à tenir une conversation m’a beaucoup fatiguée, et les quelques minutes à pieds pour rentrer m’ont parues pénibles.
Le week-end avec Chéri, je m’étais dit que ce serait chouette d’aller au cinéma, mais naturellement ce ne fut pas possible. Je ne me sentais pas assez forte pour prendre le bus, rester assise plusieurs heures, rentrer en bus à nouveau, rien que la perspective me fatiguait:-) Nous avons donc passé un week-end calme à la maison, Chéri est allé au marché le dimanche matin, moi j’ai fait mes marches quotidiennes d’une demi-heure. Je récupère bien ceci dit, dix jours après l’opération, je fais trois kilomètres en une demi-heure, soit six kilomètres heure, c’est de la marche rapide, la marche promenade est à trois-quatre kilomètres heures. Et certains joggers courent à six kilomètres heures, alors faire de la marche rapide si vite après l’opération est un pur bonheur pour moi.
Le chirurgien m’a dit qu’à partir de quatre semaines après l’opération je peux recommencer à trottiner. Pas courir, mais trottiner si je m’en sens capable. Et demain justement ça fait quatre semaines, ce n’est donc pas par hasard que Paul m’a laissé un message ce matin en me disant que samedi on parlera du programme des semaines à venir. Pour la musculation, le chirurgien m’a dit d’attendre au minimum six semaines avant de reprendre, avec des charges progressives. Le timing est parfait, car Paul est en vacances justement ce samedi, et revient mardi 16 août.
Ce qui fera pile sept semaines après l’opération. Là, nous reprendrons nos séances. Je lui fais totalement confiance, c’est un professionnel aguerri, extrêmement prudent (jamais aucun de ses élèves n’a été blessé. Moi qui ai eu plusieurs blessures lors des entraînements avec JC, je n’en ai eu aucune depuis que je travaille avec Paul et au contraire ma densité osseuse s’est renforcée). Donc non seulement c’est un super pro, mais il sait me modérer. le 16 août, nous testerons ce que je peux faire ou ne pas encore faire. Je me suis préparée psychologiquement à repartir avec des charges bien moindres que celles que je soulevais avant l’opération, mais Paul me dit que ce n’est pas comme si je repartais de zéro, j’ai une masse musculaire bien construite, et surtout, je ne serai plus épuisée par les douleurs, donc il estime que j’aurai retrouvé mon niveau dès fin septembre, et que nous pourrons reprendre la progression en octobre.
Peu m’importe en fait, je serai tellement heureuse de retourner chaque soir après le travail faire nos séances ! Je me suis prise de passion pour la musculation, c’est tellement technique, précis, il y a tant à découvrir ! Et sentir, voir, mon corps changer, s’affiner, se renforcer est une expérience vraiment passionnante. Je vous détaillerai un autre jour les bienfaits de la musculation sur mon corps et dans ma tête, ils sont assez nombreux, tangibles, mesurables, visibles… Bref…
La semaine du lundi 11 au dimanche 17 juillet, j’ai moins dormi petit à petit, j’en suis arrivée à ne plus éprouver le besoin de la sieste l’après-midi. J’ai essayé de négocier avec Paul de pouvoir faire plus de 5000 pas par jour, vous me connaissez, à toujours vouloir faire plus, mais rien à faire, il m’a direct recadrée, me disant que tant que je ne mangeais pas plus, pas question de brûler trop d’énergie, mon corps a encore besoin de récupérer. Et je ne m’aviserai pas de passer outre, j’ai réellement trop confiance en lui pour faire ça, et je sais qu’il a raison.
Il est top, on échange plusieurs messages chaque jour, je lui envoie le compte-rendu de mes repas, de mes pas, il me demande si j’ai bien dormi, comment je me sens niveau douleurs, moral, il m’aide à prendre mon mal en patience d’être inactive… Et il m’a proposée, si je m’en sentais la force, de venir le voir à l’Usine vendredi 15 pour boire un café. Il m’avait dit avant l’opération, voyant ma détresse à l’idée non seulement de ne pas faire de sport, mais de ne pas venir à l’Usine, où je me sens comme à la maison, que je pourrais passer dès que je m’en sentirais la force. Le directeur de la salle aussi m’y avait invitée. Donc il m’a proposé vendredi 15, voyant au fil des jours et des messages échangés, que j’allais de mieux en mieux. Quel bonheur pour moi la perspective d’aller à la salle boire un café !
Le vendredi 15, je me suis maquillée, ce que je ne fais pas en ce moment, et ai mis une robe d’été cache-coeur, fleurie, près du corps. J’ai pris le métro, j’appréhendais un peu, mais ça s’est bien passé, sans encombre, sans douleurs. Quand je suis arrivée, Paul m’attendait, il m’a prise dans ses bras, alors que d’habitude nous ne nous faisons pas la bise avant les séances. Puis il m’a fait tourner sur moi-même en me disant, « waouh je ne te vois jamais en robe, toujours en tenue de sport, ça change ! » Ben oui, je lui ai dit dans la vraie vie, je ne suis pas rouge, pas transpirante, je sens bon le parfum, je suis élégante, et tout ça et tout ça:-))))) Il m’a dit qu’il me trouve très amincie, mais préfère attendre la fin du mois pour une pesée, qu’entre le 15 et le 30 je reprendrai peut-être un ou deux des kilos perdus en parvenant à manger plus.
Tout le monde à la salle, les coachs, les jeunes de l’accueil sont venus me faire un bisou, en me disant de me dépêcher de revenir, ça m’a fait tellement chaud au coeur. Paul est allé nous faire des cafés, et on a discuté une heure et demi. Je me sens tellement bien à l’Usine, c’est un si bel endroit, et maintenant je m’y sens totalement légitime contrairement à il y a un an. Certains adhérents que je croise souvent sont aussi venus me dire un mot. Pendant l’heure et demi avec Paul, une fois les nouvelles de mon côté et du sien échangées, nous avons parlé de notre deuxième année ensemble que nous allons entamer le 16 août, de nos objectifs….
Nous allons continuer les cinq séances hebdomadaires, mais au lieu de trois muscu/deux cardios, nous allons en faire quatre de muscu et une de cardio. Et j’en ferai une de cardio seule, le dimanche quand je ne vais pas à Reims, ou le lundi, jour où Paul ne travaille pas. Waouh ça va être chouette ! A fond la muscu, pour affiner la silhouette, être ferme et tonique. A pratiquement 55 ans, je suis plus mince, plus ferme, plus dynamique que je ne l’étais à 20, 30 ou 40 ans. La muscu renforce l’estime de soi, entre autre bienfaits, car c’est une discipline très exigeante… Enfin moi, la rigueur que cela implique me convient parfaitement.
Je suis rentrée, en métro également, un peu fatiguée… Le week-end, à nouveau calme. Mais dimanche 17, je me suis sentie suffisamment en forme pour aller au cinéma. Bon…je me suis un peu endormie pendant le film:-) Mais petit à petit, je sens que l’énergie revient. C’est aussi évidemment liée au fait que je mange un peu plus jour après jour.
La semaine dernière j’ai continué à marcher ma demi-heure quotidienne, j’ai lu, Lou est à nouveau passée, jeudi en fin d’après-midi j’ai bu un verre avec une amie, bref, j’ai été un peu plus active. Et jeudi j’ai dit à Chéri que j’aimerais aller à Reims, cela faisait quatre semaines que je n’avais pas vu mes parents, depuis dimanche 26 juin, avant-veille de l’opération. Chéri m’a dit qu’il trouvait que c’était encore un peu prématuré, j’ai quand même une petite tête fatiguée, les joues creuses, et même si la forme revient, je suis loin d’être aussi solide et résistante que d’habitude. Mais… j’avais besoin d’aller à Reims, de voir mes parents, surtout mon père, qui n’est plus en mesure de parler au téléphone, qui ne m’a donc ni vue ni entendue ces quatre semaines. Et ma mère, qui s’est fait tant de souci…
Mon frère a pallié mon absence, est passé voir ma mère pratiquement chaque jour, mon père plusieurs fois par semaines, mais il est parti en vacances mercredi. Alors avant de partir il a fait de grosses courses pour ma mère, mais moi, j’ai dit à Chéri que réellement j’avais besoin d’y aller, même si mon frère n’est absent qu’une semaine, moi ça fait quatre semaines que je n’y suis pas allée, ce n’était plus tenable.
Nous y sommes donc allés hier, je viens vous raconter ça dès demain. Passez une bonne soirée, prenez soin de vous:-)
PS : en tête d’article, à l’hôpital, le bouquet apporté par Lou et le livre offert par ma DG.
Je me rends compte qu’ayant déserté le blog plusieurs mois il y a de jolis moments que je ne vous ai pas racontés. Le premier marathon de ma nièce en avril, marathon de Paris qu’elle a formidablement couru, nous procurant à mon frère et à moi une vague d’émotions fortes. Le week-end de fête pour le 60e anniversaire de mon frère. Là encore, des émotions, de la joie, de l’amour. Ma mère était là, mon père non. Mon pauvre papa, seul dans son monde à l’Ehpad… Oui je pleure en écrivant cela. Jamais je crois je ne surmonterai ni ne me pardonnerai cela, mon père dans un Ehpad… Enfin… De bons et beaux moments, et d’autres que j’oublie, tant pis…
Si vous me suivez sur Instagram, vous les aurez vus passer, je mets au moins une photo/story par jour là-bas. Donc, reprenons.
Opérée mardi 28 juin, je suis rentrée jeudi 30 après-midi à la maison. J’ai dormi tout l’après-midi. Je me suis réveillée au moment du dîner, mais je n’avais pas faim, bien que n’ayant rien mangé depuis l’arrêt de l’alimentation par perfusion. D’ailleurs, plus de trois semaines après l’opération, je n’ai toujours pas faim. Pas une seule fois en 25 jours je n’ai ressenti la sensation de faim, ni éprouvé une quelconque envie de manger. C’est très déroutant psychologiquement.
Les premiers jours après l’opération, j’éprouvais la sensation de soif de temps en temps, mais même boire était une épreuve. Petite gorgée par petite gorgée, boire un verre d’eau ou un café me prenait environ une heure, douloureuse en plus. Les premiers jours j’ai mangé insignifiant. Un Sojasun ? Une heure à manger, trois heures à digérer. Une cuillère à soupe de « purée » ? Une heure à manger, cinq à six heures à digérer.
Pour vous donner une idée de mes « purées », je mets systématiquement dans le mixeur un légume, préalablement cuit à la vapeur , chou-fleur, brocolis, poivron, carotte, courgette, haricots verts…., une pomme de terre, cuite elle aussi, quelques centilitres de lait chaud, une noisette de beurre, et ça fait une purée. J’ajoute ensuite un steak haché, un blanc de poulet, un blanc de dinde, du jambon blanc, du poisson, grillés sans gras, et je mixe à nouveau.
C’est savoureux car j’assaisonne, je mets des oignons, des herbes. Quand je veux un oeuf, je le fais au plat ou brouillé et là pas besoin de mixer, en mâchant longuement ça passe. Je fais mes « purées » moi-même la plupart du temps, d’abord parce qu’une tous les deux-trois jours suffit, ce n’est pas énormément de travail, ensuite parce que Chéri travaille et moi pas je suis en arrêt maladie, ça m’occupe, je ne fais pas grand chose de mes journées, et enfin, Chéri a quand même. beaucoup beaucoup de mal à cuisiner sans gras et là, je ne veux pas prendre en ce moment le risque de vomir…
Côté quantités, 120 grammes de légumes, 100 grammes de pomme de terre, et 100 grammes de viande ou poisson me faisaient au début cinq à six repas, et m’en font aujourd’hui trois ou même souvent quatre. Pourquoi je ne mets pas de gras, à part la mini noisette de beurre dans la purée ? Parce que je me suis très vite rendue compte que les aliments gras, tout comme les aliments très sucrés, me font immédiatement vomir ou provoquent une diarrhée fulgurante. Comme si mon appareil digestif avait besoin de tout remettre en route, comme celui d’un bébé. Ou de se régénérer totalement.
Ces minuscules repas me donnent à chaque fois une sensation incroyable de lourdeur, et je mets plusieurs heures à digérer, comme si j’avais fait un repas de fête des plus copieux. Les yaourts, j’en ai mangé un peu les premiers jours mais j’ai arrêté. Je n’ai jamais aimé les yaourts ni les produits laitiers, et là, encore moins qu’avant. Et je ne les digère absolument plus, ils ressortent illico. J’arrive à manger un sojasun par-ci par-là. Quand j’ai envie de fruits, je me presse une orange, un citron, ou je passe au mixeur du melon, de la pastèque, un kiwi. Donc, il y a moyen de manger varié et savoureux même avec la contrainte du liquide/mixé.
Le souci, c’est que manger est laborieux en ce moment et même pas source de plaisir puisque je ne ressens aucune faim et que la digestion est douloureuse. Mais je me force, comme me l’a recommandé le chirurgien pour tout bien remettre en route, et comme m’y incite chaque jour Paul pour reprendre des forces. Alors tout ça est loin de suffire pour que mon corps récupère. Les premiers jours j’étais tellement affaiblie que prendre ma douche par exemple me demandait un effort démesuré, m’obligeant ensuite à m’allonger au moins une heure. Donc, pour absorber plus de calories, Paul (mon coach de sport vous savez) m’a donné l’idée faire des shakers très nourrissants.
En temps ordinaire, je me fais deux fois par jour un shaker de poudre de protéines avec de l’eau, tout simplement. Juste de la poudre de protéines, sans glucides, notamment pour la récupération des muscles après les séances de sport. Là, à la poudre de protéines (végan, naturelle, sans additif, sans conservateur etc etc… je précise pour éviter les commentaires genre c’est chimique etc etc… marque Sync si vous voulez regarder), j’ajoute de la farine de flocons d’avoine ou de patates douces pour les glucides, une banane, du lait d’amande sans sucres ajoutés, et une boule de sorbet noix de coco (ma passion en ce moment), ou mangue, ou clémentines, ou citron, ou du sorbet chocolat noir… Uniquement des sorbets, les glaces, à base de crème je ne les digère pas, ça me fait vomir. Le tout au mixeur, et cela me donne une boisson onctueuse, délicieuse, et TRES nourrissante. J’en fais deux par jour, là aussi je mets beaucoup de temps à la boire, et encore plus à la digérer. En fait mon activité principale dans les journées, c’est la digestion:-)
Et c’est pénible croyez-moi, toujours la sensation d’être lourde, ballonnée, je sens mon appareil digestif au travail, tellement à l’effort qu’à chaque fois ça me provoque une bouffée de chaleur… Tout sera rentré dans l’ordre d’ici trois à six mois m’a dit le chirurgien. Les premiers jours je parvenais laborieusement à consommer 300 calories, puis 500, puis 700, aujourd’hui, trois semaines plus tard, j’arrive à consommer entre 1400 et 1600 calories quotidiennement. C’est encore peu, bien trop peu, mais je fais au mieux au jour le jour. Et surtout, je veille à la répartition des macros nutriments (protéines, glucides, lipides, fibres), afin de ne pas trop fondre musculairement.
Je me suis beaucoup affinée. Je n’ai jamais eu de si fines jambes, mon ventre s’est beaucoup aplati, mon cou est très dégagé, mon visage creux… Je ne sais pas combien de kilos j’ai perdu, je me pèserai samedi prochain avec Paul, sur la balance qui ne donne pas simplement le poids, mais aussi les masses musculaire, grasse, hydrique, osseuse… Ainsi nous verrons comment réorienter l’alimentation si besoin. J’espère n’avoir pas trop perdu de muscles. Avant l’opération nous avons fait le max avec Paul pour faire une belle masse musculaire, c’est d’ailleurs pour cela que je récupère vite et bien, que je cicatrise bien. Déjà quatre semaines sans aucune activité, et encore trois, puisque je ne pourrai reprendre, et encore tout doucement, qu’après le 15 août.
Dans les prochains articles je vous raconte mes (non) activités, les heures et les heures de sommeil, le (non) sport, comment je prends soin de ma peau, comment évoluent mes cicatrices… Je ne travaille pas encore la semaine prochaine, dernière semaine d’arrêt, j’ai intérêt à me reposer plus que jamais, je sens bien que j’ai les jambes qui flageolent au bout de quelques minutes de marche, facilement la tête qui tourne, souvent des hoquets très douloureux… Ma généraliste que j’ai vue la semaine dernière m’a dit de revenir la voir si je me sens trop faible et qu’elle me prolongera, mais moi j’ai envie de reprendre le travail. Enfin bon, j’écouterai mon corps, car toute la semaine dernière j’ai eu 10-5 de tension, et entre 45 et 47 de pulsations cardiaques. Un peu faible…
Je vous donne rendez-vous pour la suite lundi, car demain, je vais à Reims avec Chéri. La dernière fois que j’y suis allée, c’est dimanche 26 juin, l’avant-veille de l’opération. Depuis, j’en ai été incapable, réellement trop faible pour envisager prendre le train, aller chez ma mère, aller à l’Ehpad, reprendre le train… Je tiens debout à peine plus de deux heures consécutives, alors 12 heures, même pas en rêve. Demain, nous allons aller gare de l’Est en taxi. Puis de la gare de Reims à chez ma mère en taxi également. Mon frère n’est pas à Reims ce week-end, mais ma nièce oui. Donc elle nous emmènera à l’Ehpad en voiture puis nous ramènera (habituellement j’y vais à pieds mais là je sais que je ne pourrai pas). Elle nous ramènera aussi en voiture à la gare de Reims en fin d’après-midi. Puis à nouveau un taxi de la gare de l’Est à chez nous. J’espère qu’ainsi ça ira, et ensuite j’aurai toute la semaine prochaine pour récupérer.
Passez un très bon dimanche:-)
Le magnifique bouquet de roses en tête d’article, ce sont les fleurs que ma si chère cousine Karin m’a fait livrer après l’opération. Quand je vous dis que j’ai été submergée d’amour:-)
C’est fait. Et bien fait. Vous le savez, ma plus grande crainte était de ne pas me réveiller. Mais je me suis réveillée, comme l’anesthésiste me l’avait promis:-)
Je vous avais dit qu’une fois réveillée, tout le reste, je l’affronterais le sourire aux lèvres, et c’est le cas. Je vous raconte ces trois dernières semaines ? Lundi 27 juin, l’hôpital devait m’appeler pour me donner l’heure de mon intervention, et à quelle heure je devais être à l’hôpital. J’ai reçu l’appel en début de matinée, me disant que je devais être à l’hôpital à 14 heures pour une descente au bloc opératoire à 15h30. Je leur ai demandé s’ils étaient sûrs, j’étais surprise, le chirurgien m’avait plutôt laissé entendre que je serais la première le matin, l’intervention durant au minimum quatre heures. Alors 15h30 ça me semblait tard. Car quatre heures d’opération, suivies de quelques heures en salle de réveil, ça me faisait arriver dans ma chambre à 22 heures au mieux. Mais enfin, j’ai répondu d’accord, que je serais là à 14 heures.
J’étais en train d’en discuter avec Chéri (qui était avec moi à la maison, il a posé toute la semaine pour rester avec moi), quand nouvel appel. L’assistante du chirurgien se confond en excuses, me dit que quand le chirurgien a vérifié le planning il a râlé et a dit que bien sûr, pour une telle opération je devais passer en premier. C’est donc à six heures et demi mardi 28 que je devais être à l’hôpital. En raccrochant le téléphone, j’ai été prise d’une grosse crise d’angoisse, ça devenait trop concret, je ne voulais plus me faire opérer !
Chéri m’a dit « Viens, on sort, allons boire un verre en terrasse, il fait beau ». Nous sommes donc allés dans un café que nous aimons, et j’avais toujours cette boule d’angoisse qui m’empêchait de respirer. J’ai dit à Chéri que peut-être c’était la dernière fois que j’étais là avec lui, qu’on était bien, que je ne voulais pas mourir. Oui, aujourd’hui ça me semble ridicule et exagéré, mais sur le coup j’était tellement angoissée, incapable de prendre du recul. Epuisée par des mois de douleurs, terrifiée à l’idée de laisser Chéri, de ne plus pouvoir m’occuper de mes parents, de ne plus être là pour ma nièce..
Nous sommes allés manger dans un restaurant du quartier, et pour une fois depuis longtemps, mon estomac m’a laissée tranquille, j’ai pu manger un peu. L’après-midi nous a paru interminable, j’ai préparé mon sac pour les quelques jours à l’hôpital… Je n’ai évidemment pas dormi, et à quatre heures j’étais debout. Bien trop tôt, puisque j’avais juste à prendre une douche, pas question de maquillage m’avait précisé l’anesthésiste, pas de café, pas même un verre d’eau. Je suis allée à l’hôpital en taxi, je n’ai pas voulu que Chéri m’accompagne, qu’allait-il faire là-bas dès six heures et demi ? Et lui ne voulait pas que je prenne le métro seule à cinq heures et demi, dans l’état d’angoisse où j’étais. Nous avons donc transigé pour un taxi. Ca roulait bien à six heures du matin, j’étais donc à l’hôpital à six heures vingt.
On m’a fait patienter dans le hall jusqu’à sept heures, et là, une infirmière est venue me chercher, m’a emmenée dans une petite chambre « transitoire », où j’ai enfilé la tenue réglementaire, de la charlotte aux chaussons. Elle a pris ma tension, et m’a donné un petit cachet à prendre, pour commencer à me détendre m’a-t-elle dit. A sept heures et demi, deux brancardiers sont venus me chercher, m’ont demandé si je me sentais assez bien pour descendre au bloc opératoire à pieds. J’ai dit oui, naturellement.
Arrivés dans l’antichambre du bloc, ils m’ont installée sur un brancard, m’ont demandé comment ça allait, par qui j’allais être opérée. Je leur ai dit le nom du chirurgien, et ils m’ont dit que c’était un ponte, le chef de service, qu’on venait de loin pour être opéré par lui, qu’il est « high level ». je leur ai répondu en souriant que tant mieux, car ce que j’avais était également « high level ». Ils m’ont répondu que j’étais souriante et gentille, que ça ne se voyait pas que j’allais mal. Mais que je ne devais pas m’en faire… Ils étaient gentils.
Ils ont reçu un appel, leur disant que le bloc était prêt et là, c’était LE moment. Je suis passée sur la table d’opération, toute seule, je n’ai pas voulu qu’ils me portent. L’anesthésiste a installé la perfusion, m’a expliqué qu’elle serait là près de moi pour les quatre heures à venir, et là encore quand je m’éveillerais. Il y avait une dizaine de personnes qui s’activaient dans la petite pièce, tous sont venus se présenter à moi, je dois dire que tout cela m’a donné encore plus peur. Ils m’ont montré le « bras » qui allait m’opérer. Une espèce de grand pilier de deux mètres de haut, avec six « tentacules ». Et à côté, un tableau de bord qui m’a paru très compliqué. Ils avaient tous l’air enthousiastes de ce bras, flambant neuf m’ont-ils précisé, et que pour le moment seul mon chirurgien sait faire fonctionner, et qu’il ne s’en était servi que deux fois pour l’instant.
Inutile de vous dire que tous ces détails, loin de m’impressionner, m’ont plutôt terrifiée. Pendant ce temps, le produit anesthésique s’écoulait dans la perfusion, je devenais cotonneuse, l’anesthésiste me caressait la joue en me disant que le chirurgien arrivait, et allait régler toutes les tentacules du bras, qu’il lui fallait une demi-heure pour tout paramétrer avant de commencer l’opération.
Et puis…. je me suis réveillée, du mal à ouvrir les yeux. j’ai réussi à me soulever un peu et j’ai vu que je n’étais plus dans le bloc opératoire, mais dans une pièce avec plein d’appareils qui faisaient du bruit. Immédiatement, me voyant à peu près réveillée, l’anesthésiste s’est penchée sur moi en souriant et m’a dit « Voilà, tout s’est bien passé, vous êtes en salle de réveil ». Un infirmier est venu prendre ma tension et d’autres choses, et je me suis rendormie je crois. Je me suis réveillée plus tard, l’infirmier était toujours là près de moi, il ‘a demandé si je me sentais bien. J’ai dit oui, et ai demandé l’heure. Il était 14 heures. L’anesthésiste est venue me dire qu’il y avait un produit anesthésiant dans mon ventre, que je n’aurais pas mal tout de suite, et elle m’a dit au-revoir.
J’ai encore somnolé un moment, je luttais pour ouvrir les yeux et reprendre pied mais j’avais l’impression d’être « loin ». J’ai fini par me réveiller vraiment, et l’infirmier m’a dit que mes tension, saturation tout ça étaient bonnes, que j’allais monter dans ma chambre. J’ai redemandé l’heure, il était 15h30. Un brancardier a poussé le lit sur lequel j’étais dans ce qui m’a semblé des labyrinthes de couloirs, d’ascenseurs, et tout à coup, au tournant d’un couloir, assis dans un petit salon j’ai aperçu le visage de Chéri ! Il avait l’air tellement soulagé de me voir il m’a fait un grand sourire. Et moi j’ai agité les bras, jamais je n’ai été aussi contente de voir mon Chéri je crois, jamais aussi heureuse d’être en vie.
Le brancardier m’a prise sous les bras pour me passer sur le lit de ma chambre, mais j’ai voulu le faire seule, à la force des bras. Il est reparti, et deux secondes après mon Chéri entrait dans ma chambre. Je me suis mise à pleurer de bonheur. Et lui avait l’air tellement heureux. Le pauvre, ne tenant plus en place à la maison, est venu à l’hôpital dès midi, alors que j’étais encore en salle d’opération, et il a donc attendu jusqu’à 15h30. Nous avons parlé quelques minutes, j’avais l’esprit relativement clair, et aucune douleur, non seulement j’avais le ventre anesthésié, mais j’avais aussi une perfusion d’anti-douleurs.
J’ai demandé à Chéri d’appeler ma mère, puis mon frère, ils attendaient ce coup de fil. Ensuite, une idée m’a traversée la tête, et comme je n’étais pas complètement dans mon état normal, c’est devenu une idée fixe. La « chemise de nuit » en crépon d’avant l’opération était tâchée de sang, alors j’ai dit à Chéri, je veux me laver et mettre une chemise de nuit propre. Je l’ai soulevée pour regarder mon ventre, et… je suis tombée dans les pommes. C’était moche, huit gros pansements pleins de sang, des boursouflures, mon ventre tout gonflé. J’ai repris connaissance, avec encore plus cette idée fixe en tête et j’ai commencé à me redresser sur mon lit. Chéri a essayé de m’en dissuader, mais je n’arrivais pas à penser à autre chose.
Une fois redressée dans mon lit, j’ai passé les jambes par-dessus et les ai posées par terre. Et bien évidemment ma tête s’est mise à tourner. J’ai demandé à Chéri d’aller chercher une chemise de nuit dans le sac que j’avais apporté. Chemise de nuit achetée spécialement pour l’hôpital, car je n’ai ni chemises de nuit ni pyjamas, je n’en mets jamais jamais jamais. Mais là j’en avais spécialement acheté deux, très légères, très amples. Pendant que Chéri est allé dans le placard de la chambre la chercher, je me suis mise sur mes jambes. Un peu flageolantes mais ça allait. J’ai réussi à contourner le lit en trainant le pied à perfusion et aller jusqu’à la salle de bains.
Chéri m’a donné ma trousse de toilette, j’ai sommairement rincé mon ventre, enlevant le sang entre les pansements, me suis passé de l’eau sur le visage, et là… je me suis trouvée bloquée. Comment enlever la chemise de nuit d’hôpital, avec la perfusion dans mon bras, reliée au pied à perfusion ? Tout à coup je me suis rendue compte que j’étais épuisée. Je me suis assise sur la chaise de la salle de bains. Entre-temps heureusement Chéri était allé chercher une infirmière, qui m’a très gentiment aidée, et m’a donné le bras pour me raccompagner au lit.
En me disant que j’étais en excellente condition physique pour m’être levée, avoir fait quelques mètres, lavée, à peine remontée de la salle de réveil. Je me sentais beaucoup mieux d’être un peu rafraîchie. Et je sentais que mes yeux se fermaient. Chéri est donc parti vers 17 heures, épuisé lui aussi par une nuit sans sommeil et l’attente tout au long de la journée. J’ai dormi un moment et me suis réveillée quand une infirmière est venue me demander si j’avais mal, si je voulais des anti-douleurs supplémentaires. Je lui ai dit que non, mais que j’avais une sensation de soif. Elle m’a dit que j’avais une perfusion de je ne sais plus quoi, destinée à me nourrir et m’hydrater, mais elle m’a donné une carafe d’eau et m’a servi un fond de verre. Et là, aïe aïe aïe, la goutte d’eau que j’ai bue m’a fait un mal de chien, je l’ai sentie s’écouler le long de mon oesophage et se bloquer totalement.
J’avais l’esprit suffisamment clair pour envoyer des SMS à tous ceux/celles qui, je le savais, les attendaient. J’avais fait une liste pour être sûre de n’oublier personne dans le reste de brouillard de l’anesthésie. Ma nuit a été hachée, une infirmière est passée toutes les deux heures vérifier tension, saturation, pulsations cardiaques. Le lendemain à six heures, l’équipe de jour a pris le relais.
A six heures et demi, le chirurgien est passé. Oui, six heures et demi, avant sa première opération de la journée. L’infirmière m’a dit que c’est rare qu’il fasse ça. Ben moi j’étais contente, ça m’a rassurée. Il m’a demandé si je me sentais bien, si je n’avais pas trop mal. Je lui ai dit que mon épaule gauche était terriblement douloureuse, comme il me l’avait dit lors de notre première consultation. Il m’a dit oui c’est normal, ça va durer une dizaine de jours. Je lui ai demandé s’il avait pu tout bien réparer. Il m’a dit que oui, qu’il a replacé et reconstruit l’estomac, et façonné une valve artificielle, reliant estomac et oesophage pour éviter tout déplacement à l’avenir. Et qu’il a recousu le diaphragme, la partie la plus délicate de l’opération, et qu’il l’a très solidement recousu.
Que du coup, pendant plusieurs mois, le temps que ça se détende un peu, j’aurai du mal à manger, sensation de blocage. Qu’il va falloir que je prenne l’habitude de manger lentement, à petites bouchées et surtout mâcher longuement chaque bouchée pour commencer la digestion dans la bouche, avant que ça ne passe l’oesophage. Et que pendant six semaines, jusqu’au 15 août, je devais faire des repas liquides/mixés/moulinés. Il est reparti, en me disant « A demain ».
On m’a apporté mon petit déjeuner, et rien que l’odeur du café m’a immédiatement soulevé le coeur. Il y avait un café, une compote, et un yaourt. J’ai ouvert la compote, en ai pris une minuscule bouchée, ça m’a fait mal, j’ai arrêté. J’ai bu la moitié du bol de café en plus d’une demi-heure. Sans plaisir. Puis épuisée par cet effort, je me suis rendormie. En fin de matinée, je vous ai fait un petit mot, ai répondu à quelques SMS, allumé la télévision. Pas possible de lire, la tête un peu en vrac, très mal à l’épaule gauche rien qu’en respirant, et mal au ventre qui arrivait malgré les anti-douleurs en perfusion.
En fin de matinée aussi, une infirmière est venue enlever les huit gros pansements, les a remplacés par des straps. En m’expliquant que je pouvais me mouiller sous la douche les straps tiendraient le coup, et se décolleraient dans deux à quatre semaines. Sous les straps, les fils, qui eux aussi tomberaient seuls. Chaque trou fait environ deux centimètres de haut. Pourquoi huit trous alors que le bras de l’opération a six tentacules ? Ca restera un mystère, car je n’ai pas pensé à le demander.
Une fois les pansements faits j’ai dit à l’infirmière que je mourais d’envie de prendre une douche. Elle m’a enlevé la perfusion et m’a demandé si j’avais besoin d’aide pour ma douche. J’ai dit que je préférais me débrouiller toute seule elle m’a dit d’accord, je reviens dans dix minutes pour remettre la perfusion. Quel bonheur de me sentir propre après la douche, et de me remettre au lit, fraîche et même parfumée d’eau de cologne toute douce.
L’infirmière est revenue mettre la perfusion, et le déjeuner est arrivé. Ah oui à l’hôpital, déjeuner 11h30 et dîner 18 heures:-) Mais je n’avais pas faim du tout, plutôt écoeurée au contraire. J’avais une espèce de plat mouliné, très liquide, du veau avec purée et carottes selon l’étiquette. Je l’ai ouvert, ça ne sentait absolument rien. J’en ai pris une petite bouchée, pour vous donner une idée, environ un dixième de cuillère à café, mais ça n’est pas passé, j’ai senti que ça bloquait entre oesophage et estomac, en faisant mal, et en plus je n’avais ni faim ni envie de manger. Il y avait aussi une compote et une crème vanille, je ne les ai pas ouvertes.
Chéri est arrivée à 13 heures, j’étais heureuse de le voir. Comment vous décrire à quel point les douleurs n’avaient aucune importance, j’étais juste heureuse d’être en vie. Chéri est parti à 16 heures, car je n’arrivais plus à tenir les yeux ouverts. J’ai été réveillée à 17h30 par ma nièce. Elle voulait absolument me voir, elle a été si inquiète pour moi. Je m’en veux terriblement que tout le monde se soit fait un tel souci. Ma nièce, ma mère, mon frère ont été malades quelques jours avant mon opération, vomissant presqu’autant que moi. Ils m’ont vue tellement marquée par la douleur les dernières semaines… Ma nièce n’ayant pas l’habitude de venir dans les hôpitaux, ne savait pas que les fleurs y sont interdites, et est arrivée avec un magnifique bouquet. L’infirmière a été très gentille, et m’a donné une bouteille coupée pour pouvoir garder le bouquet.
Lou est partie à 18h30, et pendant qu’elle me disait au-revoir, on frappe à la porte de ma chambre, c’était ma Directrice générale. Elle aussi s’est tellement inquiétée de me voir venir travailler les dernières semaines, elle a plusieurs fois insisté pour que je me mette en arrêt maladie, ce que pour rien au monde j’aurais fait vous le savez. Sa visite m’a beaucoup touchée. Mon Président m’a envoyé un message la veille de l’opération, un autre quelques jours après. Mes collègues se sont tous manifestés, j’ai reçu des fleurs, des livres, des cahiers jolis, moi qui aime tant les cahiers…. Ca ne fera que deux ans le 25 août que je travaille là, et je m’y sens tellement à ma place. Et tous mes collègues me disent avoir l’impression que j’y suis depuis toujours, et ça, c’est un beau compliment. Mon Président et ma DG m’ont aussi dit et écrit des choses qui m’ont bouleversée. Pas en rapport avec le travail, genre vous nous manquez parce que le travail n’est pas fait, non, des choses personnelles qui m’ont remuées.
Je suis si peu sûre de moi, j’ai toujours peur de mal faire, de gêner, d’être illégitime, alors tout ce que m’ont montré mes collègues depuis trois semaines me touche incroyablement. Bref… ma DG n’est restée qu’une demi-heure, je commençais à être fatiguée, trois visites dans l’après-midi le lendemain de l’opération ça faisait beaucoup. Le dîner est arrivé quand ma nièce était là, encore un plat mouliné très liquide, auquel je n’ai pas touché. Ni à la compote, ni au yaourt. Pas faim, pas envie, mal…
Cette deuxième nuit a été moins bonne que la première, j’avais refusé des anti-douleurs en perfusion, je n’en voulais plus. Il ne m’ont donc laissé que la perfusion pour m’hydrater. Ma saturation a tout à coup baissé, ma tension et mon pouls aussi, ils m’ont mise quelques heures sous oxygène. Jeudi matin à six heures et demi à nouveau le chirurgien est passé, m’a examinée, et m’a dit que j’allais sortir.
Il a vu ma surprise car au départ, étant opérée mardi matin, il m’avait dit que je sortirais vendredi ou samedi. Mais il m’a trouvée plutôt bien, mis à part l’épisode sous oxygène, capable de marcher, de supporter la douleur, alors autant ne pas occuper un lit quand ils en manquent. J’ai bu mon café, suis allée prendre ma douche, à neuf heures j’ai appelé Chéri pour lui dire qu’il pouvait venir me chercher en toute fin de matinée. Je me suis habillée, bon en fait j’ai mis un pantalon d’intérieur qui ressemble à un pyjama, un tee-shirt et un sweat-shirt. La tenue la plus confortable que je pouvais imaginer et puis surtout, qui ne me serrait pas le ventre, toujours gonflé.
Le médecin du service est passé pour me faire la visite de sortie, me donner mon arrêt de travail, une ordonnance pour des anti-douleurs, s’assurer que j’allais bien. Chéri est arrivé à midi, j’avais rassemblé mes affaires, il les a mises dans mon sac, et nous sommes descendus dans le hall, où on nous a appelé un taxi. Une heure après nous étions à la maison, j’étais vraiment très fatiguée, je suis directement allée me coucher, et ai profondément dormi tout l’après-midi.
En tout cas, mon séjour à l’hôpital, les Diaconesses, s’est très bien passé. J’ai été opéré par un des seuls chirurgiens qui maîtrise cette technique, un chirurgien réputé dans son domaine. L’hôpital est très propre, il y a une gestion de la douleur formidable, ils sont très attentifs à ce que l’on souffre le moins possible. Le personnel soignant a été adorable de bout en bout, très rassurant. Et un point à souligner, les Diaconnesses, c’est l’hôpital public, et je n’ai pas payé un centime. Ni pour la consultation avec le chirurgien, ni celle avec l’anesthésiste, ni pour l’opération, aucun dépassement d’honoraires, ni même de forfait journalier. Pas un centime. La seule chose que j’ai payée, c’est la chambre particulière, ça c’est normal. Et elle était très peu chère en plus la chambre particulière. Mais à part ça, je n’ai absolument rien déboursé. Alors vraiment, oui, il faut nous battre pour l’hôpital public !! Qui soigne tout le monde sans distinction !
J’ai été opérée rapidement, deux mois et demi après avoir vu le chirurgien, car c’était une urgence, sinon le délai aurait été d’environ dix mois. Je vais avoir un scanner de contrôle à la rentrée, avec visite au chirurgien, ensuite un autre scanner de contrôle en fin d’année, dernière consultation avec le chirurgien, et normalement tout cela sera de l’histoire ancienne.
Je reviens demain vous raconter la suite, les premières semaines où je ne parviens pas à manger, et l’amour à profusion que j’ai reçu. J’espère que vous allez bien. N’oubliez jamais de prendre soin de vous.
PS : La tasse en illustration m’a été envoyée par l’une d’entre vous, elle me connaît bien, j’adore. Merci mille fois !