
Je ne sais pas vous, mais moi en ce moment, la notion du temps m’échappe un peu. Il y a tout pile deux semaines j’étais à Charleville dans la maison de mes parents en train de faire des cartons.
Ça me paraît si loin… Ca ne fait pourtant que deux semaines. Pendant ces deux semaines la vie de mes parents a changé. Mon père finit sa quatorzaine enfermé dans sa chambre d’Ehpad. A partir de lundi il pourra sortir de sa chambre et circuler dans les parties communes, les jardins…
Ma mère elle, a emménagé dans son charmant appartement. Je l’ai découvert dimanche dernier. Mon frère et moi y avons passé la journée. Mon frère a monté les meubles de cuisine, de salle de bain, et j’ai déballé tous les cartons. Ma mère était assise dans un fauteuil et réfléchissait à où mon frère devait poser les cadres, me disait de ranger telle et telle chose à tel endroit. La journée a été fatigante, mais productive.
Dimanche après-midi je suis allée avec ma mère voir mon père. En effet, entre l’appartement de ma mère et l’Ehpad, moins de 20 minutes à pieds. Et encore dimanche dernier il pleuvait à verse, ce qui a ralenti notre marche. Seule, je le fais en dix minutes à peine. Pour ma mère une petite vingtaine de minutes, c’est tout à fait réalisable.
En arrivant à l’Ehpad, ils nous ont fait mettre une blouse en coton, puis une surblouse en plastique, une charlotte sur la tête, des gants, un masque. Quand nous sommes arrivés dans la chambre de mon père il était dans un jour « sans », et ne m’a pas reconnue. Tout du long de la visite il a parlé à sa soeur. Soeur qu’il n’a jamais eue, il n’a qu’un frère.
Changer d’établissement, être confiné sans pouvoir sortir de sa chambre, avoir une nouvelle équipe de soignants autour de lui, n’avoir droit à une visite que tous les deux jours, pendant 45 minutes par deux personnes en blouse et masquées, et bien forcément, rien qu’en deux semaines, il a régressé…. Quand il va pouvoir un peu marcher et sortir ça va lui faire du bien, mais les Ehpad renforcent les règles sanitaires, et chaque visiteur va devoir passer des tests Covid… J’ai reçu un mail de l’Ehpad hier, je n’ai pas plus de détails pour le moment. J’ai bien peur que dans les semaines à venir, les visites deviennent de plus en plus courtes, espacées, compliquées…
En rentrant dimanche soir dernier dans le train j’ai encore beaucoup pleuré. Mon corps et mon esprit sont en train de relâcher la pression des sept derniers mois. J’ai beaucoup pleuré ces derniers jours. Mais je pense vraiment que c’est un passage obligé.
Cette semaine, les brocanteurs sont venus finir de vider la maison, la dame de l’agence immobilière a récupéré les clés. J’ai reçu un dossier à remplir pour le notaire, un gros dossier, encore et encore des dizaines de questions, je n’en peux plus de tous ces dossiers… La signature définitive sera début janvier. J’ai résilié la ligne fixe de téléphone. Le journal local que mon père lit depuis toujours, l’Ardennais, qui était déposé chaque matin sur le pas de la porte à 6 heures, sera livré dès mardi à l’Ehpad. Au moins il ne perdra pas tous ses repères et aura toujours les nouvelles locales des Ardennes. Comme ce sera par la poste, il le reçoit avec un jour de décalage, mais ça, ce n’est pas bien important.
Tous les changements d’adresses sont faits, les assurances en règle etc etc… Me reste à prévenir les impôts du changement de situation et je crois que tout sera vraiment terminé. Ma mère se plaît dans son appart, et rien que ça, ça efface tous les chagrins. Il faut dire qu’on en a fait un tellement joli cocon, et elle a tout choisi, tout ce qu’elle aime. Tous les soirs quand je l’appelle elle me dit qu’elle se sent bien. Je trouve ma mère incroyablement résistante et courageuse. A sa place beaucoup se seraient lamentés sur leur sort, auraient voulu rester dans leur maison, au risque de s’y fracasser et de se blesser, auraient ressassé, auraient dit oui, puis non, puis oui, puis non… ma mère depuis sept mois a vécu tant de chocs psychologiques, de fatigue physique, de chagrin, de changements à assimiler et intégrer, et elle reste positive, se projette dans son nouvel environnement avec tant de douceur…
Elle est heureuse de nous voir si souvent mon frère et moi, elle voit aussi plus souvent ma nièce. Elle sait que nous sommes rassurés et nous faisons moins de souci pour elle, et c’est l’essentiel pour elle, plutôt que de s’accrocher à des biens matériels et une maison qui ne prendront pas soin d’elle…
Demain, je vais à Reims avec Chéri, il verra l’appartement de ma mère et nous irons voir mon père demain après-midi. En ce moment où je vous écris il est en train de cuisiner un plat que nous emporterons demain, pour éviter toute fatigue à ma mère. Nous allons passer une belle journée. J’ai acheté pour ma mère un énorme calendrier de l’avent, avec un produit de beauté dans chacune des 24 cases. Jeudi soir, je suis allée voir ma généraliste, elle m’a demandé comment j’allais, comme se sont passés ces derniers mois avec mes parents, et je me suis mise à pleurer en lui racontant.
Elle m’a dit qu’il va me falloir trois mois au moins pour digérer tout ça, retrouver le sommeil, ne plus pleurer, être moins fatiguée. Elle a soulevé l’idée de reprendre des anti dépresseurs, j’ai refusé. J’en ai pris plus d’un an pendant le burn out, ai mis des mois à me sevrer alors non, je vais essayer de surmonter tout cela sans en reprendre. J’ai beaucoup changé, en profondeur, je dois m’habituer à ma nouvelle moi.
En sept mois, j’ai cherché et trouvé du travail, réussi ma période d’essai, passé tous mes week-ends à faire de longs trajets en train, passé beaucoup de jours et de nuits sans Chéri, éprouvé un chagrin dont je ne soupçonnais même pas qu’il puisse exister, alors oui, je dois assimiler tout ça. Et j’en sortirai encore plus forte et sereine, encore plus heureuse de vivre, comme après chaque épreuve…
Ce qui manque à mon équilibre, c’est le sport… Depuis presque dix ans maintenant, je fais trois à cinq séances de sport chaque semaine, mais là, depuis la rentrée de septembre, c’est bancal. Philippe n’est pas dispo aux heures auxquelles je le suis, on a tourné la chose dans tous les sens, impossible… Son travail principal est d’être enseignant au collège, il ne veut pas rentrer trop tard chez lui le soir et ne travaille pas le week-end, et ça je le comprends aisément. Et moi, je pars le matin vers 7h45 pour être au travail à huit heures, je rentre vers 18 heures. Donc le matin c’est trop tôt pour qu’il vienne à la maison, le soir trop tard. Et il est dispo le mercredi mais pas moi. Et puis nous nous retrouvons soit à la maison, soit au stade. Et le stade en ce moment, ben non… Et les salles de sport sont fermées…
Bref, je fais des séances seule à la maison mais ça n’a rien à voir en intensité et en plaisir avec ce que je fais avec un coach. Je suis méchamment, cruellement en manque de sport, de plaisir de me dépenser à fond, de plaisir de partager avec le prof.
Alors la solution:-))))) retourner au studio de JC. C’est un studio où JC (et sa femme, maintenant diplômée) donnent des cours particuliers, alors oui, même en ce moment il peut continuer son activité, sous certaines conditions dérogatoires. J’ai longuement parlé avec lui ces derniers jours et nous allons reprendre dès la semaine prochaine. (Oui j’ai la dérogation, tout comme pour aller voir ma mère, personne vulnérable, et mon père en Ehpad. je fais tout ce que je fais au grand jour, dans la plus stricte légalité. Je précise avant que certains ne fassent un commentaire). Donc nous reprenons la semaine prochaine. Deux séances par semaine.
Comme je suis en télétravail obligatoire les lundis, mercredis et vendredis, ce sera soit lundi soit mercredi soir. Et le vendredi je ne travaille que le matin, donc la deuxième séance le vendredi après-midi. Ca me fera tellement de bien d’y aller les jours où je télétravaille. Car en télétravail je ne bouge pas beaucoup.
Je suis très heureuse de pouvoir aller au bureau deux jours par semaine, certaines sociétés obligent le télétravail quatre, voire cinq jours par semaine. Chez nous d’ailleurs, ces deux jours de présence au bureau ne sont pas obligatoires, certains viennent un seul jour, voire pas du tout. Je comprends totalement que certains n’aient pas envie d’affronter les transports en ce moment, ou pas envie de sortir tout simplement. En ce qui me concerne en tout cas, j’aime tellement plus être au bureau qu’en télétravail ! Et puis bon, je n’ai pas de problème de transports puisque je vais travailler à pieds. Et j’aime tellement voir mes collègues, travailler en équipe, parler avec ma DG et mon Président. Et aussi, je suis mieux assise sur un fauteuil spécial de bureau pour travailler, avec un grand écran plutôt qu’un ordi portable, l’imprimante dans mon bureau, bref, j’ai le bureau pour travailler, la maison pour être avec Chéri, tout comme j’aime faire le sport dans un endroit dédié plutôt qu’à la maison.
Enfin le télétravail pas mon truc quoi… Ceci dit, j’apprécie la chance que j’ai. Nous avons une chambre d’amis, je l’ai aménagée en coin bureau et j’y suis vraiment bien. Entourée de nos bibliothèques, vue sur le jardin de l’immeuble. Et ne pas être dans le salon c’est bien car Chéri se lève plus tard que moi, et rentre du travail vers 15 heures. Il peut ainsi regarder la télé, écouter de la musique, cuisiner, on ne se gêne pas. Car oui, Chéri lui, va travailler en présentiel, son travail ne peut pas se faire à distance puisqu’il va chez les gens seuls pour prendre soin d’eux. Je suis tellement fière de lui entre parenthèses.
Donc, le télétravail, pas mon truc. Mais je ne vais pas me plaindre, je suis bien installée, j’ai la chance d’avoir une pièce complète pour travailler à la maison quand beaucoup de mes collègues partagent le salon pour y travailler avec leur mari, leurs enfants étudiants…
Si ces confinement étaient arrivés au tout début des années 2000 alors que les ordinateurs n’étaient pas encore vraiment monnaie courante, et encore moins les ordis portables, pas de smartphones, pas de réunions en Visio etc etc etc…. Enfin bref, c’est en 2020 que ça arrive alors la question ne se pose pas, et beaucoup d’entre nous ont la possibilité de télétravailler.






En revanche, quand je pense à tous ceux qui perdent leur travail, qui sont dans un embarras terrible, ça me rend malade. Alors je serais bien malvenue de me plaindre de ne pas aimer le télétravail. Comme sont malvenus les aigris et compagnie… J’ai de plus en plus de mal supporter ceux qui ne prennent leur plaisir qu’à se plaindre et voir du négatif…. la situation est ce qu’elle est, moi non plus je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’on nous impose, moi aussi ma vie est bien compliquée par toutes ces mesures plus ou moins cohérentes pour m’occuper de mes parents avec ces confinements, restrictions etc…. Mais à quoi cela sert-il de ressasser non stop, de s’acharner à dire que c’était mieux avant (c’était différent avant, mieux ou moins bien je ne sais pas, juste différent), que tout est critiquable… Qu’ils fassent mieux, ceux là même qui passent leur temps à critiquer, qu’ils s’engagent en politique, dans des associations et changent le monde puisque bien au chaud derrière leur clavier ils ont apparemment des solutions pour tout et savent tout mieux que les autres, avec des « y’a qà, faudrait que, tout le monde est con… ».
Bref, je ne suis en aucun cas sur ce blog pour parler politique ou économie (sujets qui me passionnent par ailleurs), mais tout simplement pour raconter ma vie sans faux-semblants. Je ne me montre pas sous mon meilleur jour, je dis mes chagrins, mes faiblesses, mais je dis aussi chaque petit bonheur. Et des petits bonheurs il y en a. A nous de les voir, de les saisir, de les apprécier. Un petit bonheur n’est pas forcément une chose extra-ordinaire, c’est un instant qu’il faut savoir voir. En vivant le moment présent, pas en comparant tout le temps, pas en vivant dans le passé. Savourons d’être en vie ce n’est déjà pas mal.
Et n’ayons pas d’orgueil mal placé, si quelqu’un nous manque, on le lui dit tout simplement. Si on est triste, on a le droit de pleurer et de dire qu’on est triste, ce n’est pas pour autant qu’on est malade et dépressif au dernier degré… Si on est heureux on a aussi le droit de le dire sans se faire insulter… Bref, je suis une fleur bleue, une philosophe de bazar, mais depuis plusieurs mois je suis emplie d’amour plus encore qu’avant et je n’ai pas honte de le dire.
Allez, vous avez le droit de rire, de vous moquer, de dire que je suis bien naïve, vous avez même le droit de penser du mal de moi, peu m’importe, je suis tournée vers le positif et le reste ne m’intéresse plus. Je ne veux plus de méchanceté ou de toxicité autour de moi.
Et quand je termine mes articles en vous demandant si vous allez bien et en vous disant de prendre soin de vous, sachez que je l’écris parce que je le pense et le souhaite. Je termine en répétant ce que j’ai écrit en tout début, la notion du temps est vraiment étrange en ce moment, parfois j’en arrive à ne plus savoir quel jour on est. Pas vous ? En allant faire les courses tout à l’heure, Chéri pour faire son attestation me dit « on est bien le 19 ? ». Non le 20 je lui réponds. Et en fait nous sommes le 21….
Il y a plein de choses qui me manquent, aller au cinéma, aller à Bruxelles, voir mes amis… mais l’essentiel est là, je suis avec Chéri et mes parents sont là où ils peuvent être le mieux au vu des circonstances. Je veux absolument reprendre le rythme du blog, publier mes repas, raconter mes séances de sport…. Ca va me faire bizarre de retrouver JC, on n’a pas cessé de communiquer par textos, mais cela fait presqu’un an que nous ne nous sommes pas vus. Et puis je me suis rendue compte ces dernières semaines que la muscu me manque beaucoup. Je vais en refaire un peu, trop trop trop bien !!!!!!!!!!!!! Et quand nous nous sommes parlé il y a quelques jours, il m’a dit des choses tellement gentilles qu’il m’a fait pleurer cet idiot. Il a toujours cru en moi depuis toutes ces années, c’est dingue ça…
Bon les z’amis, je vous laisse. Je vous souhaite une belle soirée, et j’espère que tous vous allez bien:-)